La famille Szejman de Jarville

plaque 2

La famille

Esther Annette SZEJMAN est née le 12 février 1938 à Jarville la Malgrange : elle habitait avec son frère Léon, Henri de deux ans son aîné (né à Nancy le 5 mars 1936) et ses parents Zalme et Sara Marthe au 12 rue de la République à Jarville.

Leur père tenait tout à côté de là au 30 rue de la République à Jarville, un dépôt de récupération de métaux ferreux et divers ; il était né à Zagorow (Pologne) le 25 septembre 1897 ; il est le fils de Lajb Szejman et de Basia née Slezinski ; il est bien inséré dans la vie locale et économique ; l’Est Républicain du 10 juillet 1937 fait état par liste de son adhésion à l’automobile club lorrain. D’autres journaux de janvier et mars 1940 font état de petites annonces de matériel et occasions à vendre (chaînes antidérapantes pour automobiles, camionnettes, tôles plates pour abri, etc.)

Léon Szejman
Esther Szejman

Vers 1921, 1922 il émigra avec ses frères et après avoir été en Allemagne, ils rejoignirent un de leurs oncles fixé à Nancy ; Par la suite ils furent rejoints par leur sœur cadette Riwka ainsi que leur mère Basia après la mort de leur père ;

Zalme va exercer la profession de vendeur de ferraille et habiter 71 rue Clodion à Nancy lorsqu’il quitte l’état de célibataire ; il se marie le 10 10 1931 à Epinal ville où habite Sara, Marthe STRAUSS avec ses parents Marx Strauss, bedeau de la synagogue et Frieda Heilbrunn ;

Le couple Szejman lors de la naissance de leur premier enfant, Léon, habite 23 rue Erckmann Chatrian à Nancy puis s’installe à Jarville où naît Esther en 1938. Lors de cet heureux évènement Zalme est si content qu’il fait un don de 50 francs pour la caisse des écoles de Jarville (avis Est Républicain 13 mars 1938 avec les avis de l’état civil de février ).

Zalme se réfugie en Auvergne

Zalme est d’origine polonaise ; marié à une française – née le 13 mai 1898 à Strasbourg – et père de deux enfants nés en France obtient sa naturalisation par décret du 2 mai 1940. Il se voit retirer cette nationalité française par décret du 25 mars 1943 (JO du 18 avril 1943)

Très vite dès 1940, une partie de sa famille va fuir la Lorraine dont les SKORKA (Slatka sœur de Zalme son beau-frère Jacob et leurs enfants (Régine ultérieurement devenue résistante comme Jérôme puis déportés et survivants qui témoigneront de leur parcours par écrit et au proçès de Klaus Barbie) vont partir à Libourne (Gironde) puis Bordeaux.

Selon les récits de la descendance indirecte, Zalme se serait réfugié dans la région de Clermont Ferrand ; Marthe pense qu’en tant que juive française ; elle ne risque ni l’arrestation ni l’internement ; elle est forte de son ascendance française de vieille souche – son père Marx Strauss est né à Bischheim en 1861 et sa mère du même âge à Strasbourg et selon l’ouvrage de Régine Jacubert « fringale de vie contre usine de mort » elle aurait eu des frères tombés sous les couleurs françaises lors de la première guerre mondiale.

L'arrestation de la famille

Marthe restée seule avec ses deux enfants à Jarville veille aussi sur Basia Szejman sa belle-mère -qui habitait 8 rue des Bégognias à Nancy chez une de ses filles, épouse Herszberg Agée, elle ne voulut pas s’enfuir.

Selon le registre d’écrou du camp d’internement d’Ecrouves côté 927 w 164 aux archives départementales de Meurthe et Moselle, Marthe sous le nom de Mme Szejman Zalme (sur la fiche de renseignement 928 w16 sont bien portés la date et le lieu de naissance de Marthe), Esther et Léon sont internés le 9 octobre 1942 respectivement sous les numéros 1041, 1042 et Léon 1025. Leur transfert « par les autorités occupantes » a lieu le 23 10 1942.

Ils sont enregistrés à cette date avec un grand nombre d’autres personnes dont beaucoup d’ enfants dont de 18 mois et deux ans…) Le registre d’écrou précité p 97 indique aussi avec la date d’entrée du 9 10 1942 le nom de Basia Szejman 71 ans sous le numéro 1108.

Selon l’ouvrage de C Favre, JP Harbulot et P Lafaurie « Nancy pendant l’occupation une prison et des rafles oubliées ? » p 149 une troisième rafle juive eut lieu à Nancy le 9 octobre 1942 ; on peut donc penser que c’est à cette occasion qu’ont été arrêtés les quatre membres de la famille, qu’ils ont été conduits au centre de séjour surveillé d’Ecrouves directement.

Le convoi des mille Juifs

On sait avec précision en raison des travaux menés par Serge Klarsfeld qu’Esther, Léon et Marthe Szejman après plus de trois mois de séjour au camp de Drancy quittent celui-ci le 13 février 1943 (au lendemain de l’anniversaire tragique d’Esther) à 6h45 et sont dirigés vers la gare du Bourget pour le convoi 48 ;pour les convois juifs suivants, la gare sera remplacée par celle de Bobigny.

Le convoi 48 dit « convoi des mille Juifs français » avec 150 enfants de moins de 18 ans part de la gare du Bourget le 13 février 1943 à 10h10 en direction d’Auschwitz sous la responsabilité du lieutenant Franz Novak.

Selon le rapport de Heinz Rothke chef suppléant puis chef du service juif à la Sipo SD avec le grade de Obersturmfuhrer (lieutenant)» qui dirigea ensuite le camp de Drancy

« il fallut faire partir le convoi avec des forces allemandes et malgré les hésitations initiales, la police française a fini par coopérer lors du départ du train »

Selon un autre rapport (source https://www.cairn.info/revue-le-monde-juif-1974-1-page-10.html

une évasion de quelques personnes aurait eu lieu vers 23 heures entre les stations Nançois – Tronville et Ermecourt-Loxéville (Meuse) Vraisemblablement les détenus auraient pratiqué une ouverture dans une paroi du wagon à contre-voie et au ras du plancherJ

Après un voyage interminable, Esther, Léon et Marthe ont été gazés à Auschwitz le 18 février 1943.

L’arrêté du 28 juillet 2003 portant apposition de la mention « mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès liste leurs noms ;

Un arrêté rectificatif du 20 décembre 2013 mentionne pour Marthe Sarah (Szejman) née Strauss la date du décès au 18 février 1943 et non le 22 février 1943 comme indiqué initialement

Zalme SZEJMAN sans épouse et sans enfants est revenu habiter et travailler à Jarville après la guerre ; Il ne n’est pas remarié et n’a pas eu d’autres enfants : il sera « l’oncle Jean de Jarville » pour ses neveux et nièces survivants ; La date de son décès n’est pas connue.

Une plaque commémorative a été déposée à Jarville, au N° 12 rue de la République en mémoire de cette famille.